Le crapaud fait le printemps

En cette fin mars la météo est printanière et la période idéale pour observer « in situ » la reproduction des crapauds communs et grenouilles rousses.
Malgré une température extérieure de 14°c, l’eau en surface du lac est encore froide (3-4°c) car les nuits sont fraîches à cette altitude de 800 m.
Les bruissements de feuilles mortes provenant de la pente forestière toute proche ainsi que le doux ronronnement des rousses indiquent que le frai des anoures a bien commencé.

La première immersion de l’année n’est jamais bien agréable, mais après quelques minutes le corps s’habitue. Un peu de palmage pour rejoindre le site de ponte, ajouté à l’accueil joyeux et chantant des petits diablotins, relèguent très vite la sensation de froid aux oubliettes. Ils s’accrochent à tout ce qui bouge ou dépasse, masque, tuba, gants, caisson, même parfois aux lèvres.

Le décor est enchanteur en ce lieu : branches et troncs noyés, tapis brun-rouge de feuilles mortes vivement éclairé ça et là par la « laitue » des jeunes pousses de nénuphars, tiges de trèfles d’eau entremêlées de chapelets de pontes noires, racines rouges des carex et enfin les petites masses bleutées et translucides des pontes de grenouilles.
Par moment l’activité des batraciens s’accélère; ce petit monde, toutes espèces confondues, s’empoigne, se chevauche, tourneboule, se mélange, se poursuit et enfin s’accouple. Puis l’instant d’après tout se fige, comme en mode « pause », en attente de quelque apparition… Et quelques secondes plus tard l’activité reprend de plus belle, et ainsi de suite…
Tout cela sous le regard attentif de jeunes perches, friandes d’embryons bien juteux.