La rencontre

Encore quelques pas et ils apparaîtront. Là. Tout en bas. Nichés au pied des falaises. Lovés au creux des collines. Cernés d’herbes folles et de sapins noirs.
Je devine déjà dans la brume le contour incertain de leur étendue nacrée, immobile et silencieuse. Le temps s’est arrêté. Les lacs semblent prisonniers de leur gangue de glace depuis des millénaires.
Mais à l’origine, cette glace était partout. Du haut des montagnes jusqu’au fond des vallées. D’énormes glaciers se répandaient sur les flancs du Jura, griffant la roche, poussant la terre. Creusant le lit des lacs d’aujourd’hui.
Les glaciers ont disparu, l’eau est restée. Venue du ciel ou de la terre, elle coule, ruisselle, pénètre, emplit, déborde ou se fige. Mais jamais pour longtemps.
Car l’hiver déjà relâche son emprise. L’eau se libère. Les lacs respirent à nouveau.